Beaucoup de peintres ont évoqué les grands monuments parisiens et les perspectives les plus remarquables, mais l’homme n’a pas sa place dans ces représentations solennelles. Giuseppe Canella est l’un des rares à s’être intéressé à la population parisienne qu’il figure dans les rues ou sur les places. Cette animation permanente a naturellement frappé les écrivains : le provincial ahuri ou séduit par l’agitation des rues de Paris, devient un poncif des romans du XIXe siècle.
« Oh ! errer dans Paris ! adorable et délicieuse existence ! Flâner est une science, c’est la gastronomie de l’œil.
Se promener, c’est végéter ; flâner, c’est vivre. La jeune et jolie femme, longtemps contemplée par des yeux ardents, serait encore bien plus recevable à prétendre un salaire que le rôtisseur qui demandait vingt sous au Limousin dont le nez, enflé à toutes voiles, aspirait de nourrissants parfums.
Flâner, c’est jouir, c’est recueillir des traits d’esprit, c’est admirer de sublimes tableaux de malheur, d’amour, de joie, des portraits gracieux ou grotesques ; c’est plonger ses regards au fond mille existences : jeune, c’est tout désirer, tout posséder ; vieillard, c’est vivre de la vie des jeunes gens, c’est épouser leurs passions. »
Honoré de Balzac, Physiologie du mariage, 1830