La maison du temps de Balzac

Balzac s’installe à Passy en 1840 pour fuir ses créanciers. Dans ce village proche de la capitale, il loue l’un des appartements d’une maison divisée en logements pour locataires peu fortunés. Cette maison présentait l’avantage d’être invisible depuis la rue Raynouard puisqu’elle était cachée par un hôtel particulier.

Pour encore plus de discrétion, Balzac avait pris le pseudonyme de « Monsieur de Breugnol » ; patronyme emprunté à Philiberte Jeanne Louise Breugnol qui vivait avec Balzac pour tenir son intérieur. 

« […]à compter du moment où vous recevrez cette lettre, écrivez-moi à l’adresse suivante : Monsieur de Breugnol, rue Basse, n° 19 à Passy, près Paris. Je suis là, caché pour quelque temps […] il m’a fallu déménager très lestement et me fourrer là où je suis […]» 

Lettre d’Honoré de Balzac à Madame Hanska, 16 novembre 1840 L’appartement de Balzac se situait en rez-de-jardin. En entrant, on trouvait une cuisine, une salle à manger ainsi qu’une chambre d’amis accueillant occasionnellement la mère de Balzac.

« […] sachez que j’ai à vous offrir une très jolie chambre où vous pouvez coucher, et si vous n’avez pas cette année de maison de campagne, regardez cette chambre comme à vous, ma mère y vient excessivement rarement, et nous prévient. »

Lettre d’Honoré de Balzac à son éditeur Pierre-Jules Hetzel, fin avril ou début mai 1842 À droite de la salle en manger, Balzac disposait de trois pièces en enfilade : sa chambre, un salon et le cabinet de travail dans lequel il corrigea l’ensemble de La Comédie humaine et écrivit notamment Splendeurs et misères des courtisanesUne ténébreuse affaire ou Le Cousin Pons

« La propriétaire nous a mis 5 ménages de prolétaires, avec enfants de prolétaires qui font un tel tapage que j’y perdrais 30 000 fr. par an par copie. »

Lettre d’Honoré de Balzac à Madame Hanska, 30 août 1844
Balzac ne bénéficiait pas d’un grand confort dans cette maison. En été, son travail était perturbé par la chaleur qui régnait dans son cabinet de travail, surmontant une blanchisserie et couvert d’un toit en zinc. Et tout au long de l’année, l’écrivain était gêné par le bruit des autres locataires. 

L’appartement de cette maison de Passy resta la demeure du romancier jusqu’en 1847 et constitue la seule résidence parisienne de Balzac qui subsiste aujourd’hui.

Maison de Balzac, façade ouest vers 1896 (avec l’hôtel particulier à gauche). Par Monlien de Perthou 
(Maison de Balzac – Inv. BAL 0970)
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