Le quartier Saint-Honoré a deux visages au XIXe siècle. De grands hôtels construits au XVIIIe siècle comme ceux du faubourg Saint-Germain, mais largement modernisés après la Restauration, occupent la rue du faubourg Saint-Honoré, presque tous du côté impair (les jardins s’étendent jusqu’aux Champs-Élysées). En face, côté pair, se trouvent des immeubles de rapport habités par des commerçants aisés et la bonne bourgeoisie.
« La rue du Faubourg-Saint-Honoré est aujourd’hui, pour la grande aristocratie, ce qu’étaient les quais des Tournelles et d’Anjou sous Charles IX, Henri III et Henri IV, la place Royale et le Marais sous Louis XIII et Louis XIV, le faubourg Saint-Germain sous Louis XV et la Restauration : c’est le monde élégant, le monde fashionable ; rien n’y est suranné, décrépit ; tout annonce l’élégance, les manières vraiment nobles, le bon ton ; c’est là que règne en souveraine charmante la politesse du grand monde ; c’est la haute société sans mélange. […]
Aussi, est-ce vraiment au milieu de ce monde que se trouve la plus large part de plaisir qu’on puisse goûter dans cette vie parisienne, si rapide, si équivoque, si triste. »
Lottin de Laval, « Rue et faubourg Saint-Honoré », », dans Louis Lurine (direction), Les rues de Paris. Paris ancien et moderne : origines, histoire, monuments, costumes, moeurs, chroniques et traditions, tome 1, Paris, Kugelmann, 1844