L’obélisque de la place de la Concorde

Savez-vous que l’obélisque de la place de la Concorde est le plus ancien monument de Paris ? S’il n’est arrivé à Paris qu’en 1836, il a été taillé au XIIIe siècle avant Jésus-Christ !

Deux obélisques avaient été sculptés sous Ramsès II lors de l’agrandissement du temple de Louxor, voué à Amon, l’une des principales divinités du panthéon égyptien. Ils sont offerts en 1831 à la France par le vice-roi d’Égypte, mais seul l’un d’eux est transporté en France, et dressé le 25 octobre 1836 place de la Concorde. 

La famille royale avait été guillotinée sur cette place, alors dite « de la Révolution », et différents projets de monuments à sa mémoire avaient été imaginés par Louis XVIII puis Charles X, après la chute de Napoléon. Louis-Philippe étant devenu roi des Français grâce à la révolution de 1830, ne tient pas à rendre hommage à Louis XVI : l’obélisque lui donne le moyen d’aménager cette place sans évoquer aucun événement politique. 

François-Fortuné-Antoine Ferogio (1805-1888). Caricature de presse. « Obélisque de Luxe-nez. Pyramide nasicale du juste milieu ». Planche parue dans « La Caricature » du 12 septembre 1833. Lithographie. Paris, Maison de Balzac.

Entre la donation de l’obélisque et son arrivée place de la Concorde, plusieurs années s’écoulent, qui permettent aux caricaturistes de l’opposition d’imaginer à leur manière ce nouveau monument. Cette caricature figure le comte d’Argout, alors ministre de l’intérieur, dont le long nez devient l’une des cibles préférées des caricaturistes, et les hiéroglyphes sont devenus autant de petites caricatures qui stigmatisent la médiocrité et la corruption du gouvernement. L’obélisque-nez est surmonté d’une petite poire, représentation caricaturale du roi Louis-Philippe.

François Dubois, Érection de l’obélisque de Louxor place de la Concorde, 25 octobre 1836, peinture à l’huile sur toile (musée Carnavalet, inv. P107)

Le transport et l’érection de cet énorme obélisque taillé dans un seul bloc ont représenté à l’époque un véritable exploit technique, réalisé par les meilleurs ingénieurs de la Marine française qui ont dû construire un bateau spécialement adapté au transport de ce monument, et imaginer un système de treuils et de cabestans particulièrement élaboré. Les badauds se sont naturellement précipités pour assister à ce spectacle. On rapporte que la famille royale, craignant jusqu’au bout que la pierre ne se brise, serait restée dissimulée derrière les fenêtres de l’hôtel de la Marine pour n’apparaître sur le balcon qu’une fois l’obélisque en place.

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