En 1806, Napoléon décrète l’édification de deux arcs en l’honneur du triomphe de ses armées dans Paris (qui comptait déjà l’arc de la porte Saint-Denis et celui de la porte Saint-Martin, édifiés en l’honneur des victoires de Louis XIV) : l’arc de triomphe du Carrousel ouvrant la cour du palais des Tuileries, achevé en 1809, ainsi qu’un autre que Napoléon imaginait place de la Bastille. On retient finalement la place de l’Etoile pour un monument dessiné par l’architecte Jean-François Chalgrin. Inachevé en 1814, le chantier reste à l’abandon et n’est repris qu’en 1824, cette fois dans l’intention de fêter l’expédition d’Espagne menée par le duc d’Angoulême. Après la Révolution de Juillet, Louis-Philippe, désireux de réconcilier les Français, propose de revenir au thème initial élargi à l’ensemble des victoires des armées françaises entre 1792 et 1815. L’arc de triomphe est finalement inauguré en 1836.
Pour le mariage de Napoléon avec Marie-Louise, la construction de l’arc de triomphe de l’Etoile est loin d’être achevée : les piliers sont à peine élevés de trois mètres, aussi l’architecte Chalgrin est-il invité à construire une maquette grandeur nature en bois et toile, ornée de bas-reliefs en trompe-l’œil. Les gravures qui présentent alors l’arc de triomphe ne montrent qu’un simulacre !
Savez-vous que le roi des Français, Louis-Philippe, est représenté deux fois sur l’arc de triomphe ? Il figure en effet sur le bas-relief de la bataille de Jemmapes (1792) où, jeune lieutenant général, il a contribué à cette victoire des armées républicaines sur l’Autriche. Il était alors duc de Chartres. On le retrouve sur la frise des personnages qui fait tout le tour de l’arc de triomphe.
Après la révolution de février 1848 qui a chassé Louis-Philippe, différentes factions républicaines participent au pouvoir jusqu’aux élections du 23 avril qui écartent de la chambre des députés le courant socialiste et révolutionnaire. Balzac évoque les principaux membres du gouvernement provisoire, deux jours avant le résultat de ces élections, alors qu’ils participent à des manifestations patriotiques place de l’Étoile. Voulu par Napoléon, continué par la Restauration et achevé par Louis-Philippe, l’arc de triomphe est véritablement devenu un symbole national.
« … figurez-vous qu’ils ont distribué les nouveaux drapeaux aux légions de la Garde nationale et aux régiments de l’armée, et que depuis 7 heures du matin jusqu’à 8h ½ du soir que je me suis endormi, ce n’a été que coups de canons, coups de fusils, chants patriotiques et défilé de troupes. Travaillez donc, avec des canons dans Beaujon ! Voyez-vous ces crapauds-là sous l’Arc de triomphe de l’Étoile ? Oh si Napoléon avait su que des avocats comme Crémieux, Ledru-Rollin, Marie et Bethmont profaneraient de leurs robes ce grand monument pour remettre des drapeaux à des troupes, l’aurait-il ordonné ? »
Lettre de Balzac à Mme Hanska, 21 avril 1848