« Rastignac, resté seul, fit quelques pas vers le haut du cimetière et vit Paris tortueusement couché le long des deux rives de la Seine où commençaient à briller les lumières […]. Il lança sur cette ruche bourdonnant un regard qui semblait par avance en pomper le miel, et dit ces mots grandioses : À nous deux maintenant ! »
Honoré de Balzac, Le Père Goriot, 1834.
Le cimetière où monte Rastignac pour défier Paris, celui où l’on inhume le beau Lucien de Rubempré et où s’effondre de chagrin le farouche Vautrin, c’est le Père Lachaise.
Pensé comme un espace paysagé par l’architecte Alexandre Théodore Brongniart, ce cimetière-jardin est, dès l’origine, ouvert au public aussi librement que possible et deviendra très vite un lieu de balade où il fait bon se promener et méditer. Des guides de visites sont édités, on y trouve quelques réflexions de promeneurs philosophes et, déjà, des listes de tombeaux de célébrités. Cette grande nécropole de l’Est parisien fut inaugurée en 1804. Nicolas Frochot, alors préfet du département de la Seine, souhaitait, par ce nouvel aménagement urbain, répondre aux besoins des parisiens qui avaient vu leurs petits cimetières paroissiaux fermés au 18e siècle pour des raisons d’insalubrité. Trois grands lieux d’inhumations voient ainsi le jour. Situés à l’époque en périphérie de la ville, ce seront : le cimetière de l’Est dit du Père-Lachaise, celui du Sud appelé du Montparnasse et enfin celui du Nord à Montmartre.
