Personnage à la fois réel et fictif, Jean-Baptiste Deburau appartient à l’histoire du théâtre aussi bien qu’à sa légende. Il est né en Bohème Moravie, à Kolin, d’une mère tchèque et d’un père français. Pendant vingt ans, depuis sa révélation, un soir de 1826, il sera le mime mythique du boulevard du Temple, Pierrot attitré du Théâtre des Funambules, un personnage qu’il fait renaitre ; tout en s’éloignant du cynisme de son modèle, le Pierrot de la Comédia dell’Arte. Adoré du public aussi bien populaire que lettré, il doit aussi sa réputation à Jules Janin qui lui consacre, en 1833, un livre où il n’hésite pas à le comparer à un autre mythe, Talma. On lui écrit des textes, où il endosse des rôles de mitron, pâtissier, maçon, qu’il tire vers le parodique. Mais, il écrit aussi ses propres scénarios. Dans ses pantomimes, il porte une calotte noire, sa veste blanche est ornée de gros boutons ou pompons noirs. Son visage est fardé de blanc, ce qui ajoute à la poésie de son personnage, exprimant tout à la fois. Il est le Pierrot triste, le Pierrot rêveur, le Pierrot trompé et bafoué
Un siècle après sa mort, il sera incarné avec grâce par Jean-Louis Barrault dans le film de Marcel Carné, Les Enfants du paradis.
« Tous les boutiquiers de province voulaient des cadres et des imprimés à gravure d’Héro et Léandre. Finot dirigea contre l’huile de Macassar cette charmante plaisanterie qui faisait tant rire aux Funambules, quand Pierrotprend un vieux balai de crin dont on ne voit que les trous, y met de l’huile de Macassar, et rend ainsi le balai forestièrement touffu. Cette scène ironique excitait un rire universel.»
Honoré de Balzac, Histoire de la grandeur et de la décadence de César Birotteau, 1837