Les adaptations théâtrales

Au XIXe siècle, les romans à succès sont immédiatement adaptés pour les théâtres des boulevards. Les écrivains assistent impuissants à ce pillage alors autorisé par la loi, ou décident de participer eux-mêmes à la transformation de leurs romans. Alexandre Dumas sera par exemple directeur du Théâtre-Historique qu’il a fait construire boulevard du Temple. Cette intrusion des romans va contribuer au bouleversement des règles de l’écriture théâtrale. 

Emmanuel Théaulon (1787-1841), Alexis Decomberousse (1793-1862) et Ernest Jaime (1804-1884),Le Père Goriot : drame-vaudeville en trois actes, Paris, Marchant, 1836. (Paris, Maison de Balzac, BAL01-64)

Il n’existe au début du XIXe siècle aucune protection juridique des auteurs, aussi les romans à succès sont-ils rapidement adaptés au théâtre, généralement sans que l’auteur du livre soit seulement mentionné. Cette adaptation du Père Goriot rencontre lesuccès avec plus de cinquante représentations. La version théâtrale reprend l’ensemble des protagonistes du roman mais modifie entièrement le moteur dramatique puisque le drame féroce de Balzac se transforme en une fantaisie pleine de bons sentiments : on découvre que Victorine est la fille cachée de Goriot ; elle épouse Rastignac dont l’ambition n’est plus que sentimentale ; Vautrin est devenu un petit escroc au grand cœur… Balzac est le principal absent de cette pièce qu’il aurait évidemment désavouée.

Frédéric Bouchot (1798- ?), lithographié par Delaunay, Théâtre des Variétés, Le Père Goriot, Lithographie parue dans Le Charivaridu 15 avril 1835. (Paris, Maison de Balzac, inv. BAL396)

La lithographie est imprimée peu après la première représentation donnée le 6 avril. Elle figure la conclusion, devenue heureuse dans l’adaptation théâtrale puisque Goriot triomphe, entouré de tous ses enfants.

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