Rossini

Jean-Pierre Dantan (1800-1869), dit Dantan le Jeune. Caricature du compositeur italien Gioacchino Rossini (1792-1868). Buste. Plâtre patiné, terre cuite, ronde-bosse, 1831. Paris, musée Carnavalet.

Compositeur italien formé à Bologne, Rossini se fait très tôt connaître par des opéras qui connaissent un succès européen (Le Barbier de SévilleLa Pie voleuse,Sémiramide…). Il s’installe à Paris en 1823 pour diriger le Théâtre italien. Après le succès mitigé de Guillaume Tell en 1829, et sans doute rebuté par la difficulté de la création, Rossini renonce à composer des opéras. 

« Si l’artiste ne se précipite pas dans son œuvre, comme Curtius dans le gouffre, comme le soldat dans la redoute, sans réfléchir ; et si, dans ce cratère, il ne travaille pas comme le mineur enfoui sous un éboulement ; s’il contemple enfin les difficultés au lieu de les vaincre une à une, à l’exemple de ces amoureux des féeries, qui, pour obtenir leurs princesses, combattaient des enchantements renaissants, l’œuvre reste inachevée, elle périt au fond de l’atelier, où la production devient impossible, et l’artiste assiste au suicide de son talent. Rossini, ce génie frère de Raphaël, en offre un exemple frappant, dans sa jeunesse indigente superposée à son âge mûr opulent. Telle est la raison de la récompense pareille, du pareil triomphe, du même laurier accordé aux grands poètes et aux grands généraux. »

Balzac, La Cousine Bette, 1846

Balzac propose dans Massimilla Doniune analyse du style de Rossini.

« – Ici, dit la duchesse au Français dont l’émotion fut visible, la science a disparu, l’inspiration seule a dicté ce chef-d’œuvre, il est sorti de l’âme comme un cri d’amour ! Quant à l’accompagnement, il consiste en arpèges de harpe, et l’orchestre ne se développe qu’à la dernière reprise de ce thème céleste. Jamais Rossinine s’élèvera plus haut que dans cette prière, il fera tout aussi bien, jamais mieux : le sublime est toujours semblable à lui-même ; mais ce chant est encore une de ces choses qui lui appartiendront en entier. »

Balzac, Massimilla Doni, 1837

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