Premiers musées

Le début du XIXe siècle n’est pas propice à la connaissance de l’art. Les ouvrages illustrés consacrés à un artiste ou à une collection restent très rares et chers, et les guides ou récits de voyage encensent certes  Raphaël ou Michel Ange mais citent à peine leurs œuvres et les décrivent encore moins. La photographie en est à ses débuts : le daguerréotype, qui développe l’invention de Nicéphore Niepce, est présenté à l’Académie des sciences en 1839 mais ce n’est que dans la seconde moitié du siècle que commence la diffusion commerciale des images. Si les revues publient souvent des gravures, celles-ci reproduisent des monuments ou des tableaux présentés au Salon, et beaucoup plus rarement les œuvres conservées dans les églises ou les musées. Aussi la connaissance de l’art ne peut-elle s’acquérir que par contact direct, dans les musées, les expositions ou chez les personnes assez fortunées pour disposer d’une galerie d’œuvres d’art.

Hubert Robert (1733-1808). « Le jardin du musée des Monuments français », 1803. Paris, musée Carnavalet.

Émus par l’ampleur du vandalisme révolutionnaire, des connaisseurs obtiennent qu’un lieu conserve les vestiges sculptés présentant une valeur historique ou artistique. Situé face au Louvre, sur la rive gauche, ce Musée des monuments français propose un parcours chronologique sans aucune explication mais proposant une mise en scène soignée, destinée à un très large public. On y évoque les  grands hommes, l’art monumental et l’évolution des styles au fil des siècles, en mélangeant  des œuvres isolées et des monuments parfois créés de toute pièce, comme le tombeau d’Abélard et d’Héloïse.  La présentation mettait en avant l’idéal révolutionnaire d’un homme nouveau, et ce parti a suscité une forte opposition, aussi les œuvres furent-elles restituées ou dispersées dès la Restauration. Bien que dépourvu de rigueur historique, ce musée a largement contribué à populariser le Moyen Age et la Renaissance. 

Jules Arnout (Louis-Jules, 1814-1868). « Musée du Louvre : vue de la grande galerie – École Française ». Lithographie. (Paris, musée Carnavalet, inv.Topo PC 17A)

Le Musée du Louvre a longtemps abrité les collections royales, accessibles sur demande au public dès le règne de Louis XIV. Louis XV comme Louis XVI se montrent favorables à l’idée d’un musée permanent, et ce projet est transformé en loi par l’assemblée nationale en 1793 : le Musée du Louvre est créé. Il s’agit alors de contribuer à la formation des artistes pour qui les salles sont réservées durant toute la première moitié du XIXe siècle. Le public n’est admis que le dimanche, mais gratuitement.

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