« Je n’ai jamais portraituré qui que ce soit que j’eusse connu, excepté Planche dans Claude Vignon, de son consentement, et G. Sand dans Camille Maupin, également de son consentement. »
Honoré de Balzac, Lettre à madame Hanska, 23 avril 1843
George Sand a servi de modèle à Balzac pour le personnage de Camille Maupin qui apparaît dans plusieurs de ses œuvres : Béatrix, Illusions perdues, Honorineou encore La Muse du département. Camille Maupin est le pseudonyme adopté par Félicité des Touches, écrivain célèbre, libre de mœurs, s’habillant en pantalon et fumant lehouka. À l’origine de ce personnage, George Sand, de son vrai nom Aurore Dupin, était une femme de lettres, auteur de romans à succès et de pièces de théâtres. Elle a marqué ces contemporains par son pseudonyme masculin, ses vêtements d’homme mais surtout par sa liberté d’esprit et de mœurs, elle a en effet vécu de multiples liaisons amoureuses : entre autres avec les écrivains Jules Sandeau (un ami de Balzac), Prosper Mérimée, le poète Alfred de Musset, l’avocat Michel de Bourges et le compositeur Frédéric Chopin.
Entre Sand et Balzac se sont nouées des relations très amicales malgré des débuts houleux, et entre 1838 et 1842, les deux romanciers se rencontrent souvent. En 1838 Balzac séjourne chez Sand, à Nohant, et dit avoir « plus vécu pendant ces trois ou quatre causeries, le mors aux dents, que je n’avais vécu depuis longtemps. » À son retour, il aura presque achevé le roman Béatrix.
Balzac dédie à Sand lesMémoires de deux jeunes mariées, elle adapte de son côté des romans de Balzac pour le théâtre de marionnettes de sa maison de Nohant.
« Un soir que nous avions dîné chez Balzac d’une manière étrange, je crois que cela se composait de bœuf bouilli, d’un melon et de champagne frappé, il alla endosser une belle robe de chambre toute neuve, pour nous la montrer avec une joie de petite fille, et voulut sortir ainsi costumé, un bougeoir à la main, pour nous reconduire jusqu’à la grille du Luxembourg. Il était tard, l’endroit désert, et je lui observais qu’il se ferait assassiner en rentrant chez lui. « Du tout, me dit-il ; si je rencontre des voleurs, ils me prendront pour un fou, et ils auront peur de moi, ou pour un prince, et ils me respecteront. »
George Sand, Histoire de ma vie, 1855