Après s’être essayé à la peinture, Théophile Gautier devient journaliste, poète, librettiste et critique d’art, ouvert tant à la danse qu’à la peinture, la sculpture ou à l’art lyrique. Cet esthète raffiné a enrichi le regard de Balzac sur la création artistique. Balzac qui apprécie ses qualités littéraires, lui dédie Les Secrets de la princesse de Cadignan et n’hésite pas à paraphraser Mademoiselle de Maupin,ni à attribuer quelques traits de sa personnalité au journaliste Raoul Nathan, hérosd’Une fille d’Ève. De son côté, Gautier rédige une introduction pour les Petites Misères de la vie conjugale, et écrit une biographie de Balzacaussi humoristique que sensible.
« Oui, l’œuvre sort plus belle
D’une forme au travail
Rebelle,
Vers, marbre, onyx, émail.
Point de contraintes fausses !
Mais que pour marcher droit
Tu chausses,
Muse, un cothurne étroit.
Fi du rythme commode,
Comme un soulier trop grand,
Du mode
Que tout pied quitte et prend !
Statuaire, repousse
L’argile que pétrit
Le pouce
Quand flotte ailleurs l’esprit :
Lutte avec le carrare,
Avec le paros dur
Et rare,
Gardiens du contour pur ;
Emprunte à Syracuse
Son bronze où fermement
S’accuse
Le trait fier et charmant […]«
Théophile Gautier, « L’Art », dans Émaux et camées, 1852
Ce poème forme en quelque sorte le manifeste de la pensée poétique de Théophile Gautier, pour qui la forme doit être privilégiée dans l’art. Il remet ainsi le travail à l’honneur.
Ces quelques lignes moquent la chevelure abondante de Théophile Gautier, mais rendent également hommage à son goût pour la belle écriture. Théophile Gautier est alors connu et apprécié comme jeune poète, journaliste, critique d’art, romancier et auteur de contes et nouvelles fantastiques. Il deviendra plus tard auteur de livrets de ballets, de pièces de théâtre et de récits de voyage !