La poésie est, de tous les genres littéraires, l’un des plus appréciés dans la première moitié du XIXe siècle. Le succès de leurs œuvres apporte à Casimir Delavigne, Lamartine, Victor Hugo, une réputation immense.
La poésie a été particulièrement marquée par le romantisme. On considère traditionnellement Lamartine comme l’initiateur de cette nouvelle expression de la sensibilité, et Musset, Hugo, Vigny, Nerval figurent parmi les meilleurs représentants de ce courant.
Une autre forme de poésie voie le jour avec Théophile Gautier, l’inventeur de la théorie de « l’art pour l’art ». Le but de la poésie devient moins l’expression des douleurs de l’âme et des doutes qu’une pure recherche de la beauté, et le travail qui permet de ciseler des formes parfaites est réhabilité. En encourageant les jeunes Baudelaire et Théodore de Banville, Théophile Gautier deviendra le père spirituel d’un nouveau courant de poésie, la poésie parnassienne.
Rêveur indifférent à la misère ou profiteur sans scrupule, laborieux ou paresseux, ivrogne ou pur esprit, le poète est accommodé de différentes manières par les journalistes satiriques ou les dessinateurs, rarement sous un jour très favorable.
« Les stances du poète élégiaque sont destinées à entretenir le lecteur de ses rêves, de ses émotions et de son imminente fluxion de poitrine. Ses lectrices s’écrient : « Le pauvre jeune homme, qu’il doit être pâle et étiolé! qu’il aurait besoin de consolations, et qu’il serait doux de lui en prodiguer! » Eh! mesdames, ce moribond se porte à merveille; cet infortuné jouit largement de tous les plaisirs de la vie ; ce songe-creux sublime sort parfois du café dans un état d’ivresse qui n’a rien de poétique; et cependant, si vous réclamiez de lui quelques strophes, il ne manquerait pas de vous adresser une langoureuse et lamentable épitre. »
Émile de la Bédollière, Le poète, dans Les Français peints par eux-mêmes, Curmer, 1840-1842