Lamartine

Alphonse de Lamartine (Mâcon 1790 – Paris 1869) est considéré comme le refondateur de la poésie au début du XIXe siècle. Dans ses Méditations poétiques (1820) ou dans les Harmonies poétiques ou religieuses (1830), ilaborde avec une profonde sensibilité les thèmes de l’amour, de la nature, de la mort et de la foi, et ces rêveries tourmentées sur la condition de l’homme ont marqué toute la poésie lyrique française. Lamartine a également mené une importante activité politique qui atteint son apogée en 1848 lorsqu’il est nommé, après la chute de Louis-Philippe, chef du gouvernement provisoire.

Henri Lehmann, Portrait de Lamartine, huile sur toile, 1847. (Paris, Maison de Balzac, inv. BAL2014-17)

L’exécution de ce portrait de Lamartine offre une très grande finesse. Le front élevé, la légère tristesse qu’expriment les plis de la bouche, répondent à l’idée qu’on se fait alors de la physionomie d’un grand poète. La rapidité du trait, parfaitement maîtrisé, souligne la profondeur psychologique du modèle.

[…]
Hélas ! dans une longue vie
Que reste-t-il après l’amour ?
Dans notre paupière éblouie
Ce qu’il reste après un beau jour !
Ce qu’il reste à la voile vide
Quand le dernier vent qui la ride
S’abat sur le flot assoupi,
Ce qu’il reste au chaume sauvage,
Lorsque les ailes de l’orage
Sur la terre ont vidé l’épi !

Et pourtant il faut vivre encore,
Dormir, s’éveiller tour à tour,
Et traîner d’aurore en aurore
Ce fardeau renaissant des jours?
Quand on a bu jusqu’à la lie
La coupe écumante de vie,
Ah ! la briser serait un bien !
Espérer, attendre, c’est vivre !
Que sert de compter et de suivre
Des jours qui n’apportent plus rien ?


Voilà pourquoi mon âme est lasse
Du vide affreux qui la remplit,
Pourquoi mon cœur change de place
Comme un malade dans son lit !
Pourquoi mon errante pensée,
Comme une colombe blessée,
Ne se repose en aucun lieu,
Pourquoi j’ai détourné la vue
De cette terre ingrate et nue,
Et j’ai dit à la fin : Mon Dieu !

[…]

Alphonse de Lamartine, « Pourquoi mon âme est-elle triste ? », Harmonies poétiques et religieuses, 1830`

J.J. Grandville(Jean Ignace Isidore Gérard, dit, 1803-1847), Thé artistique, assaisonné de grands hommes : « Et vous, Honoré, en voulez-vous une tasse ? »
Bois gravé paru dans Louis Reybaud, Jérôme Paturot à la recherche d’une position sociale, Dubochet, 1846. (Paris, Maison de Balzac, inv. BAL280)

Balzac raconte avoir passé en mars 1841 « une charmante soirée avec Lamartine, Hugo, Mme d’Agoult, Gautier et Karr, chez madame de Girardin, je n’avais jamais tant ri depuis la maison Mirabaud. » C’est l’une de ces réceptions que dessine Grandville qui a représenté l’hôtesse au milieu de ses invités. On reconnaît Balzac, Alexandre Dumas, Victor Hugo, ou Frantz Liszt de dos, jouant du piano. Les relations entre Balzac et Lamartine sont marquées par la courtoisie, ils échangent quelques lettres d’une grande affabilité, mais leurs carrières littéraires ne se croisent guère. Balzac pressent sans succès le poète en 1839 pour un ouvrage collectif qui aurait réuni Hugo, Sand, etc. Lamartine est pourtant l’un des quatre académiciens à soutenir la candidature de Balzac à l’Académie française en 1849, et César Birotteau est dédié « À Monsieur Alphonse de Lamartine. Son admirateur de Balzac ».

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