Flaubert

Flaubert, plus jeune que Balzac, ne l’a jamais rencontré. Mais les critiques s’accordent à trouver une continuité entre ces auteurs. Flaubert, fils littéraire de l’auteur de La Comédie humaine

George Sand semble également soutenir cette filiation entre les deux écrivains, lorsqu’elle commente la réception de Madame Bovary, chef d’œuvre de Flaubert : 

« Dès l’apparition de ce livre remarquable, dans notre petit coin, comme partout, je crois, on s’écria : « Voici un spécimen très frappant et très fort de l’école réaliste. Le réaliste existe donc, car ceci est très neuf ». Mais, en y réfléchissant, nous trouvâmes que c’était encore du Balzac (tant mieux assurément pour l’auteur), du Balzac expurgé de toute concession à la bienveillance romanesque, du Balzac âpre et contristé, du Balzac concentré si l’on peut parler ainsi. » 

Il est vrai que les deux auteurs partagent certaines caractéristiques, travailleurs acharnés, ils sont tous deux attachés à l’étude sociologique de leurs contemporains. Mais Flaubert, après la publication de Madame Bovary, se montre agacé de ces comparaisons. « Quant au Balzac, j’en ai les oreilles cornées. Je vais tâcher de triple-ficeler quelque chose de rutilant et de gueulard où le rapprochement ne sera plus facile. Sont-ils bêtes avec leurs observations de mœurs ! Je me fous bien de ça ! », écrit-il à Jules Duplan le 28 mai 1857. 

Et il n’aura de cesse de réprouver cette comparaison, quitte à critiquer Balzac même : 

« Je viens de lire la Correspondance de Balzac. Il en résulte que : c’était un très brave homme. Et qu’on l’aurait aimé. Mais quelle préoccupation de l’Argent ! et quel peu d’amour de l’Art ! Avez-vous remarqué qu’il n’en parle pas, une fois ? Il cherchait la gloire mais non le Beau. Et il était catholique, légitimiste, propriétaire, ambitionnait la Députation et l’Académie. Avant tout ignorant comme une cruche, provincial jusque dans la moelle des os ; le luxe l’épate. Sa plus grande admiration littéraire est pour Walter Scott ! En résumé c’est pour moi un immense bonhomme mais de second ordre.» 

Gustave Flaubert, lettre à Edmond de Goncourt, 31 décembre 1876

Table de matières des Français peints par eux-mêmes, t.2, Paris : Curmer, 1841 (Maison de Balzac, inv.R 8 F 0072)
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