Le mesmérisme, ou magnétisme animal, est une théorie et une pratique mises au point à la fin du XVIIIème siècle par le médecin allemand Franz Anton Mesmer (1734-1815) qui postula l’existence d’un fluide, source de force, circulant dans l’univers. Selon lui, ce fluide serait présent en chaque être humain, et sa mauvaise propagation dans le corps serait la source de nos maladies. La pratique du mesmérisme consistait alors, pour le magnétiseur, à conduire son fluide vers le corps du malade pour en assurer la guérison.
Après des démêlés avec les autorités viennoises, Mesmer s’installe à Paris en 1778. Ses consultations suscitèrent un tel engouement qu’il dût organiser des séances collectives.
« En ce moment se produisait à Paris un homme extraordinaire, doué par la foi d’une incalculable puissance, et disposant des pouvoirs magnétiques dans toutes leurs applications. Non seulement ce grand inconnu, qui vit encore, guérissait par lui-même et à distance toutes les maladies les plus cruelles, les plus invétérées, soudainement et radicalement, comme jadis le sauveur des hommes; mais encore il produisait instantanément les phénomènes les plus curieux du somnambulisme en domptant les volontés les plus rebelles. La physionomie de cet inconnu, qui dit ne relever que de Dieu et communiquer avec les anges, comme Swedenborg, est celle du lion ; il y éclate une énergie concentrée, irrésistible. Ses traits, singulièrement contournés, ont un aspect terrible et foudroyant ; sa voix, qui vient des profondeurs de l’être, est comme chargée du fluide magnétique, elle entre en l’auditeur par tous les pores. »
Honoré de Balzac, Ursule Mirouët, 1842.
Malgré les controverses scientifiques et morales qu’il a suscitées, le mesmérisme a perduré sous la notion plus large de magnétisme. Balzac y fait référence tout au long de La Comédie humaineet ne se contente pas de mettre en scène les effets du magnétisme mais tente d’en expliciter les fondements conceptuels. La théorie des fluides est alors mêlée à des concepts plus larges et un peu de mesmérisme imprègne certains paragraphes, par exemple sur l’influence de la volonté, le retour de la foi ou encore l’éducation.