Le Code civil

Lorsqu’en 1839, Balzac reçoit de Stendhal un exemplaire de son nouveau roman La Chartreuse de Parme, il reste pour le moins décontenancé. 

Si l’auteur de La Comédie humaine a été subjugué par l’intrigue il reste dubitatif quant au style : « Le côté faible de cette œuvre est le style, en tant qu’arrangement des mots. (…) Sa phrase longue est mal construite, sa phrase courte est sans rondeur», commente-t-il dans un article de La Revue parisienne.

La réponse que lui fait Stendhal est pour le moins étonnante. Ce style aride lui est venu : du Code civil !

« En composant La Chartreuse pour prendre le ton, je lisais chaque matin deux ou trois pages du Code civil, afin d’être toujours naturel ; je ne veux pas par des moyens factices, fasciner l’âme du lecteur. […] Je le répète, la part de la forme devient plus mince chaque jour. Voyez Hume. Supposez une Histoire de France, de 1780 à 1840, écrite avec le bon sens de Hume ; on la lirait, fût-elle écrite en patois. La Chartreuse est écrite comme le Code civil ; je vais corriger le style puisqu’il vous blesse ; mais je serais bien en peine. Je n’admire pas le style à la mode, il m’impatiente. » 

Lettre de Stendhal à Balzac, 30 octobre 1840 

Le Code civil a été promulgué en 1804 par Napoléon Ier. Il fut le premier d’une longue série de codes juridiques nés sous l’Empire comme celui de procédure civile, de commerce ou encore le Code pénal. 

Il concerne un domaine extrêmement large et contient des dispositions sur le droit des personnes, des biens, de la famille ou encore des contrats et de la responsabilité. Innovant pour l’époque, il inspirera de nombreux pays européens. Dès sa publication, il a connu un retentissement particulier grâce à la qualité de sa rédaction. 

Le Code civil est encore  aujourd’hui considéré comme le pilier fondamental du droit français.

« Toi qui veux te marier et qui te marieras, as-tu jamais médité sur le Code civil ? Je ne me suis point sali les pieds dans ce bouge à commentaires, dans ce grenier à bavardages, appelé l’École de Droit, je n’ai jamais ouvert le Code, mais j’en vois les applications sur le vif du monde. Je suis légiste comme un chef de clinique est médecin. La maladie n’est pas dans les livres, elle est dans le malade. Le Code, mon cher, a mis la femme en tutelle, il l’a considérée comme un mineur, comme un enfant. »

Honoré de Balzac, Le Contrat de Mariage, 1835

Achille Louis Joseph Sirouy (1834-1904). « La Loi ». Huile sur toile pour la salle des mariages de la mairie du IIIe arrondissement, 1873.
(COARC, inv.COA-MTR0001)
Le Code civil commenté par Cham. Dessins humoristiques.
(Roger-Viollet, inv.RV-315992)
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