« […] qui n’eût pas admiré l’exquise propreté de leurs vêtements, leur joli son de voix, la grâce de leurs mouvements, leur physionomie heureuse et l’instinctive noblesse qui révélait en eux une éducation soignée dès le berceau ! Ces enfants semblaient n’avoir jamais ni crié ni pleuré. Leur mère avait comme une prévoyance électrique de leurs désirs, de leurs douleurs, les prévenant, les calmant sans cesse. […] c’était la vie d’ordre, régulière et simple qui convient à l’éducation des enfants. »
Honoré de Balzac, La Grenadière, 1832
Madame Willemsens, héroïne de la nouvelle La Grenadière, élève seule ses deux jeunes fils. Malgré la maladie qui l’affaiblit, elle prend en charge toute leur éducation (hygiène, mœurs, discipline) et leur instruction (des connaissances sommaires complétées par les cours de précepteurs). Au début du 19esiècle, l’école n’est pas considérée comme la panacée du système éducatif. La figure de la mère, aimante et vertueuse comme seule instructrice et éducatrice, reste l’idéal auquel aspire la bonne société. Dans le milieu rural, la défiance vis-à-vis des instituteurs qui donneraient aux enfants le goût des livres et de la fainéantise, est encore plus prégnant. Tout au long du siècle, lois et ordonnances se succèderont afin de développer l’instruction publique qui devient laïque et redevient obligatoire en 1882, sous le ministère de Jules Ferry.