L’éditeur

Le métier d’éditeur tel qu’on le conçoit aujourd’hui est apparu au XIXe siècle. Auparavant, les imprimeurs-libraires fabriquaient et vendaient eux-mêmes leurs publications dans des locaux comprenant à la fois l’atelier d’impression et la boutique. D’abord regroupés dans le quartier latin (notamment rue Saint-Jacques, proche de l’université de la Sorbonne), les imprimeurs-libraires se sont progressivement  installés dans d’autres quartiers et notamment dans les galeries du jardin du Palais-Royal, haut-lieu de la vie parisienne.

Au début du XIXe siècle, la modification des techniques de fabrication et de commercialisation favorise l’apparition du métier d’éditeur, qui abandonne l’impression et la vente des livres pour se concentrer sur la conception des ouvrages. Véritable chef d’orchestre, l’éditeur que l’on continue de dénommer « libraire » lorsqu’il garde un local commercial, constitue désormais le lien indispensable entre l’auteur, l’illustrateur et l’imprimeur. Tels sont les éditeurs de Balzac, avec qui l’écrivain, souvent en retard pour la remise de ses textes, n’entretient pas forcément de bons rapports. Parmi eux se distinguent Madame Béchet et P.F. Ladvocat. La veuve de l’éditeur Charles Béchet entreprend de publier, sous le titre d’Études de mœurs, le vaste ensemble romanesque qui deviendra La Comédie humainede Balzac. Pierre-François Ladvocat, promoteur de grands auteurs tels que Chateaubriand, Lamartine ou Victor Hugo, a quant à lui refusé d’éditer le jeune Balzac qui en est resté meurtri. 

L’éditeur deviendra le principal modèle de Dauriat, personnage des Illusions perdues, roman témoignant de la connaissance qu’avait Balzac des métiers du livre et du.

 « Vous ne connaissez personne, vous n’avez d’accès dans aucun journal, vos Marguerites [poème de Lucien de Rubempré] resteront chastement pliées comme vous les tenez : elles n’écloront jamais au soleil de la publicité dans la prairie des grandes marges, émaillée des fleurons que prodigue l’illustre Dauriat, le libraire des célébrités, le roi des Galeries de Bois. Mon pauvre enfant, je suis venu comme vous le cœur plein d’illusions, poussé par l’amour de l’Art, porté par d’invincibles élans vers la gloire : j’ai trouvé les réalités du métier, les difficultés de la librairie et le positif de la misère » 

Honoré de Balzac, Illusions perdues, Paris : Furne, Dubochet, Hetzel et Paulin, 1843.

Eugène Goyet (1798-1857), « Louise Béchet », Huile sur toile (Paris, Maison de Balzac, inv.BAL 546)
Edmond Bacot (1814-1875). Pierre-Jules Hetzel. Papier albuminé. 1862. (Paris, Maison de Victor Hugo, inv.MVHP.PH.4431)
Victor Hugo, « Odes et ballades », ouvrage édité par Ladvocat (Paris, Maison de Victor Hugo, inv.MVHP L N°9)
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