Les petits métiers parisiens

Les rues de Paris sont au XIXe siècle caractérisées par des sons, des odeurs et une animation que l’on ne soupçonne plus. Nombre de petits métiers s’exercent dans la rue où l’on croise l’allumeur de réverbères, le chiffonnier ou le marchand de coco (une boisson fraîche composée d’eau, de jus de réglisse et de citron). Ces présences familières retiennent l’attention des écrivains comme des dessinateurs qui ont laissé des souvenirs amusés de ces figures pittoresques.

Honoré de Balzac, George Sand, Eugène Sue. « Le tiroir du Diable, Paris et les Parisiens, mœurs et coutumes, caractères et portraits des habitants de Paris », 1842 : « Paris comique, les petits métiers de Paris, 2ème catégorie, où il faut du toupet », illustrations par Bertall. (Paris, Maison de Balzac, inv.R 4 F 0034)
Charles-Joseph Traviès de Villers, dit Traviès (1804-1859). Les rues de Paris : N° 8 : En v’là un métier où il y a gras ; excepté dans le gousset… préparer le bougeoir des citoyens, et encore comme disait c’t ancien qu’on accrochait à ma veilleuse « ils n’y voient pas plus clair ». Lithographie, 1843. Paris, Maison de Balzac.
Charles-Joseph Traviès de Villers, dit Traviès (1804-1859). Les rues de Paris : N° 10 : Arrosage des rues de Paris. – Ah ! Mon dieu ma robe ! … – Ayez pas peur… c’est que d’l’eau du ruisseau… et puis d’ailleurs tant pis ! … On m’ordonne d’arroser mon pavé ! … pourquoi que vous êtes dessus ? …. Lithographie, 1843. Paris, Maison de Balzac.
Charles-Joseph Traviès de Villers, dit Traviès (1804-1859). Physionomies de Paris : N°5 Le chiffonnier. Je n’aime pas l’Auteur qui a dit : « Il est défendu de déposer des ordures le long des murs ». Lithographie, 1843. Paris, Maison de Balzac.

« En 1813 et 1814, époque à laquelle tant de géants allaient par les rues, où tant de gigantesques choses s’y coudoyaient, on pouvait remarquer bien des métiers totalement inconnus aujourd’hui.
Dans quelques années, l’allumeur de réverbères, qui dormait pendant le jour, famille sans autre domicile que le magasin de l’entrepreneur, et qui marchait occupée tout entière, la femme à nettoyer les vitres, l’homme à mettre de l’huile, les enfants à frotter les réflecteurs avec de mauvais linges ; qui passait le jour à préparer la nuit, qui passait la nuit à éteindre et rallumer le jour selon les fantaisies de la lune, cette famille vêtue d’huile sera entièrement perdue. La ravaudeuse, logée, comme Diogène, dans un tonneau surmonté d’une niche à statue fait avec des cerceaux et de la toile cirée, est encore une curiosité disparue. Il faut faire une battue dans Paris, comme en fait un chasseur dans les plaines environnantes pour y trouver un gibier quelconque, et passer plusieurs jours avant d’apercevoir une de ces fragiles boutiques, autrefois comptées par milliers, et composées d’une table, d’une chaise, d’un gueux pour se chauffer, d’un fourneau de terre pour toute cuisine, d’un paravent pour devanture, pour toiture d’une toile rouge accrochée à quelque muraille, d’où pendaient de droite et de gauche deux tapisseries, et qui montraient aux passants soit une vendeuse de mou de veau, d’issues, de menues herbes, soit un rapetasseur, soit une marchande de petite marée. »

Balzac, Ce qui disparaît de Paris, in Le Diable à Paris, …1845

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