Les danses

Les bals publics ont marqué les esprits. L’ambiance de la salle Saint-Honoré, de l’Opéra ou des Variétés, est célèbre, et certains chefs d’orchestre atteignent à une véritable gloire. On vante les mérites de Pilodo, roi de la valse et de la polka, mais la palme revient à Napoléon Musard (1789-1853), le « maître suprême de la musique échevelée ». Capable de transformer la moindre ritournelle en air endiablé, Musard dirige l’orchestre d’une manière inoubliable et se surpasse dans le galop, cette danse qui clôture le bal, allant jusqu’à utiliser un canon pour développer l’enthousiasme, l’entrain et la bonne humeur. Très spectaculaire et souvent comparé à une charge de cavalerie voire au sabbat, le galop est l’une de ces nouvelles « danses frénétiques » qui séduisent la jeunesse parisienne. La polka, le cancan, la cachucha ou « chahut-chat » se prêtent également à des mouvements vifs qui mettent en avant la souplesse des danseurs et des danseuses.

Alophe, Un galop infernal à la salle Saint-Honoré, lithographie, 1838. (Paris, Maison de Balzac, inv.BAL482)
Gavarni, Chicard, Souvenirs du bal Chicard, n°1, lithographie coloriée, publiée dans Le Charivari, 25 mars 1839. (Paris Maison de Balzac, inv.BAL98-1049)

Le carnaval compte de nombreux héros : vers 1840 apparaît Chicard qui se caractérise par un accoutrement étonnant, bottes et habits déchirés, gants jaunes, coiffure composée d’un casque de carton bronzé, d’une dimension exagérée, surmonté d’une plume magnifiquement fournie, épaisse, mais rabattue. Ce personnage semble avoir brillé par une personnalité exceptionnelle et sa remarquable capacité à entraîner les foules, si bien que son apparition dans les bals ou les restaurants coïncide avec les temps forts de la danse ou des libations. Telle est sa réputation qu’on lui a parfois attribué l’invention du quadrille comme l’introduction du cancan.

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