En 1825 le vice-roi d’Égypte offre une girafe en cadeau à la France. La girafe débarque à Marseille en 1826 et fait ensuite à pied le chemin jusqu’à Paris où elle parvient le 20 mai 1827, suscitant une curiosité d’autant plus grande qu’elle est la première de son espèce jamais venue en France. Elle devient un motif décoratif et un thème littéraire qui connaît une grande vogue jusqu’à la mort de cet animal, en 1845.
« Je te réponds, mon bien-aimé, que lorsqu’on a vu l’homme d’un peu près, on est bien fière d’être girafe. […] Un animal venu de l’étranger lui inspire d’ordinaire un religieux respect, qu’il manifeste par toute sorte de soins et d’hommages ; ce qui paraît du moins prouver, à son honneur, qu’il ne se dissimule pas l’infériorité relative de sa misérable condition. Il trace des parcs pour la gazelle ; il décore des antres pour le lion ; il a planté pour moi des arbres à la cime nourrissante, dont je peux atteindre aisément la cime ; il a jeté devant mes pas une pelouse fraîche comme celle qui croît au bord des puits, ou un sable roulant et poli comme celui que mon pied fait voler dans le désert ; il entretient dans ma demeure une température toujours égale, et ses semblables seraient trop heureux s’il avait pour eux les mêmes égards et les mêmes attentions ; mais il ne s’en soucie guère. »
Charles Nodier, « Tablettes de la girafe du jardin des plantes, lettres à son amant du désert », Scènes de la vie publique et privée des animaux, 1842
La girafe du Jardin des plantes a connu un succès qui se mesure à l’importance de l’imagerie populaire, des chansons, et des références qui émaillent les romans comme les articles de journaux.