La situation sociale de la rive droite est très contrastée, d’Est en Ouest.
Tout à l’Est, s’étendent les quartiers ouvriers, sur des terrains peu favorables. Le Marais, occupé au XVIIe siècle par les hôtels des grandes familles, s’est beaucoup déprécié et les grandes demeures désormais dégradées abritent principalement la petite bourgeoisie ou des artisans peu soucieux de l’apparence de leur demeure. À l’Ouest, au contraire, surgissent au XIXe siècle de nouveaux quartiers. La chaussée d’Antin, la place Vendôme et le faubourg Montmartre accueillent, dès l’Empire, le monde de la finance et la grande bourgeoisie. Le faubourg Saint-Honoré (qui s’arrêtait alors à Saint-Philippe du Roule), avec ses hôtels raffinés et à la mode, attire l’aristocratie et fait dès la Restauration concurrence au faubourg Saint-Germain.
« Ce que l’on nomme en France le faubourg Saint-Germain n’est ni un quartier, ni une secte, ni une institution, ni rien qui se puisse nettement exprimer. La place Royale, le faubourg Saint-Honoré, la Chaussée-d’Antin possèdent également des hôtels où se respire l’air du faubourg Saint-Germain. Ainsi, déjà tout le faubourg n’est pas dans le faubourg. Des personnes nées fort loin de son influence peuvent la ressentir et s’agréger à ce monde, tandis que certaines autres qui y sont nées peuvent en être à jamais bannies. Les manières, le parler, en un mot la tradition faubourg Saint-Germain est à Paris, depuis environ quarante ans, ce que la Cour y était jadis, ce qu’était l’hôtel Saint-Paul dans le quatorzième siècle, le Louvre au quinzième, le Palais, l’hôtel Rambouillet, la place Royale au seizième, puis Versailles au dix-septième et au dix-huitième siècle. À toutes les phases de l’histoire, le Paris de la haute classe et de la noblesse a eu son centre, comme le Paris vulgaire aura toujours le sien. »
Honoré de Balzac, La Duchesse de Langeais, 1834