La mode du « néo »

Si l’exotisme est souvent associé à la distance, il est aussi lié au temps, et le XIXe siècle curieux de toutes les civilisations se passionne autant pour les périodes reculées que pour la Chine ou le Proche Orient. Ce sont les vogues successives du « néo » qui traversent aussi bien la littérature que les arts décoratifs, l’architecture, ou les costumes du Carnaval ! Le Moyen Age est mis à la mode par les artistes romantiques, le XVIe comme le XVIIe siècle trouvent ensuite leurs partisans, et la fascination exercée par l’Antiquité gréco-romaine ne se dément jamais.

Célestin Nanteuil (1813-1873). « Frontispice général pour les « Oeuvres de Victor Hugo » dans l’édition Renduel ». Eau-forte sur Chine contrecollée sur papier. 1833. Paris, Maison de Victor Hugo.

Sur cette eau-forte de Célestin Nanteuil, des phylactères rythment un édifice imaginaire hérissé de gables et de pinacles ; des figures angéliques ou féminines et des encadrements architecturés séparent de petites scènes. Une composition harmonieuse unit l’ensemble et des jeux d’encrage subtils produisent de magnifiques contrastes d’ombres et de lumières. Ailleurs, des créatures fantastiques ou monstrueuses envahissent les cathédrales et donjons de ce Moyen Age merveilleux dont rêvent alors les écrivains. Aussi les gravures de Nanteuil sont-elles à l’illustration ce que Notre-Dame de Paris est au roman. Son talent d’ornemaniste en fait naturellement le chef de file des illustrateurs romantiques, on le sollicite pour des œuvres de Victor Hugo (dès 1832), d’Alexandre Dumas, d’Honoré de Balzac ou de Théophile Gautier.

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