La viticulture sur les coteaux de Passy

La présence de vigne est attestée à Passy dès le Moyen Age. Les couvents (celui des Minimes comme celui de Sainte-Geneviève) profitent de l’ensoleillement de ces coteaux calcaires pour y exploiter la vigne. Après la Révolution, on continue à produire du vin pour les Parisiens qui, afin d’échapper aux taxes, viennent le consommer sur place dans des cabarets populaires, les guinguettes. À partir du milieu du XIXe siècle, les maladies venues d’Amérique (Oïdium, mildiou et phylloxéra) détruisent la plupart de ces vignobles, et l’urbanisation croissante fait disparaître les derniers. Seules la rue des Vignes et la rue Vineuse rappellent aujourd’hui que Passy, désormais l’un des quartiers de l’Ouest parisien, était autrefois un village à vocation viticole. 

Charles-Louis Mozin, Vue de Paris prise des hauteurs de Passy, 1825-1835 (musée Carnavalet, Inv. P1257)

Contemporaine des premiers romans de Balzac, cette peinture montre la coupole des Invalides derrière la plaine de Grenelle, vierge de toute construction. Les alentours du village de Passy ont un caractère purement rural : l’essor de Paris vers l’ouest n’a pas encore commencé.

 Honoré Daumier, « un marchand de vin contrarié dans son commerce », La Caricature,25 juin 1843.
(Collections du musée de Balzac)

Des gardes nationaux déversent dans la rue le contenu de tonneaux, sous le regard goguenard d’un gamin qui lance au commerçant indélicat : « Dites donc…. Père Madzinguin…. Votre bois de campêche n’empêche pas qu’on ne vide vos tonneaux dans le ruisseau…. On a bien raison de dire que l’eau retourne toujours à la rivière !….. » Ce commentaire dénonce le « mouillage », une technique qui consiste à ajouter de l’eau au vin, puis à utiliser de la teinture pour apporter une couleur vive, par exemple celle tirée du campêche, un petit arbre d’Amérique.Le coût du vin, fortement taxé, pousse au XIXe siècle à tricher sur le vin voire à le produire sans raisin, une fraude autorisée par les progrès de la chimie et encouragée par le manque de discernement des consommateurs. On rapporte qu’en 1842, un an avant que ne paraisse cette gravure, 90 falsificateurs furent condamnés à Paris !

En 1842, Balzac publie Un début dans la vie, roman dont l’action commence dans une voiture qui assure la liaison entre Paris et l’Isle-Adam. Quelques voyageurs font assaut de vantardise devant un jeune homme assez niais pour gober toutes leurs histoires. Un clerc de notaire se fait passer pour un officier du pacha de Janinaet, lors de l’arrêt de la diligence dans une auberge, offre aux passagers un verre de vin d’Alicante qu’il commente en ces termes : 

« Il est d’autant meilleur qu’il vient de Bercy ! Je suis allé à Alicante, et, voyez-vous, c’est du vin de ce pays comme mon bras ressemble à un moulin à vent. Nos vins factices sont bien meilleurs que les vins naturels. » 

Le pacha de Janina : Le pacha de Janina est un célèbre chef militaire qui domina l’actuelle Albanie jusqu’en 1822. Sa fin tragique est évoquée par Alexandre Dumas dans le roman Le Comte de Monte Cristo.
Bercy : c’est le village à l’est de Paris où sont entreposés les tonneaux de vin venus de province et destinés à Paris

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