Robert Macaire

Frédéric Lemaître (1800-1876) est un acteur spécialisé dans les mélodrames. S’il a joué des rôles importants dans des pièces de Shakespeare, Alexandre Dumas ou Victor Hugo, il ne parvint pas à être admis à la Comédie-Française. Il connut son plus grand succès avec l’interprétation de Robert Macaire en 1823 : décidant contre les auteurs d’adopter un jeu décalé, il détourne un sombre et médiocre mélodrame pour en faire une vaste bouffonnerie, et rencontre un succès immédiat auprès du public ! Robert Macaire et son compère Bertrand  deviennent les symboles des gredins vantards, cyniques et affairistes. Ils trouvent une seconde vie dans les dessins d’Honoré Daumier. 

Honoré Daumier, Honoré Daumier (1808-1879). « Bertrand, j’adore l’industrie… ». Lithographie coloriée et gommée. 1836-1838. Paris (Maison de Balzac, inv. BAL95-2-1)
–     Bertrand, j’adore l’industrie… SI tu veux nous créons une banque, mais là, une vraie banque !… Capital cent millions de millions, cent milliards de milliards d’actions. Nous enfonçons la banque de France, nous enfonçons les banquiers, les banquistes, nous enfonçons tout le monde !
–     Oui, mais les gendarmes ?
–     Que tu es bête Bertrand, est-ce qu’on arrête un millionnaire ?

La gravure reproduit Robert Macaire et son acolyte Bertrand dans les costumes qui assurèrent le succès comique de la pièce : Bertrand vêtu d’une longue redingote aux poches démesurées, un chapeau éventré sur la tête, est appuyé sur son parapluie. Robert Macaire en habit vert, pantalon rouge, col remonté sur le menton, bandeau sur l’œil, chapeau cabossé et souliers de bal, tient un gourdin.

Charles-Joseph Traviès de Villers, dit Traviès (1804-1859). Mayeux et Robert Macaire : N° 3 
Que diable ! Cher Mayeux, nous t’avons associé à nous pour ton physique ; nous sommes dans une horrible panne, il faut nous en tirer. La femme française ne donne plus dans nos blagues ; traverse la Manche, cours à Londres la fortune est à nous ! Marquises, duchesses, Ladys n’épargne rien ! Et que sait-on ? Cette petite Victoria, si friande du mariage, si tu pouvais ! … partez Mayeux soyez gueugueux, bien gentil et nous pourrons encore faire une crâne de noce !, Lithographie, 1843. (Paris, Maison de Balzac, inv.BAL02-735)

Mayeux est un personnage comique imaginé par le dessinateur Traviès. Bossu, colérique, grossier, libidineux, Mayeux gronde, pérore et gesticule, et semble incarner les défauts imputés par les journalistes à la petite bourgeoisie sous Louis-Philippe. Dans cette série de gravures, Traviès imagine une association entre Robert Macaire, Bertrand et Mayeux, et fait reposer le comique des légendes sur la séduction irrésistible que le vilain bossu exercerait sur les femmes.

FR | EN