Carnaval

Établi par Napoléon en 1805, le carnaval s’ouvre à Paris par le cortège du bœuf gras, sélectionné dans ses herbages puis promené dans la ville, suivi d’une foule masquée et déguisée, où les costumes féminins raffinés se mêlent aux sauvages et aux débardeurs. L’aristocrate côtoie l’étudiant, l’avocat ou la petite ouvrière lors de ces cortèges comme dans les bals. Les nuits de carnaval s’achèvent dans des fêtes costumées puis les masques quittent les différents bals afin d’aller souper ou boire, chez eux, dans des tavernes ou, pour les plus fortunés, dans les grands restaurants parisiens. S’il a depuis pratiquement disparu, le carnaval de Paris est alors aussi célèbre que celui de Rio de Janeiro aujourd’hui. 

Gavarni (1804-1866). « Titi, Souvenirs du bal chicard n° 10, Le Charivari, 18 février 1842 ». Lithographie coloriée et gommée. 1842. (Paris, Maison de Balzac, inv.BAL98-1058)

Une jeune femme en « débardeur ». Ce déguisement souligne les formes habituellement dissimulées par la tenue quotidienne, ce qui a contribué à son succès, mais a aussi été la cause de quelques arrestations, après des pas de danse jugés trop suggestifs par la police chargée, dans les bals, de veiller aux bonnes mœurs.

« Chacun sait que depuis 1830 le carnaval a pris à Paris un développement prodigieux qui le rend européen et bien autrement burlesque, bien autrement animé que le feu carnaval de Venise. Est-ce que, les fortunes diminuant outre mesure, les Parisiens auraient inventé de s’amuser collectivement, comme avec leurs clubs ils font des salons sans maîtresse de maison, sans politesse et à bon marché ? Quoi qu’il en soit, le mois de mars prodiguait alors ces bals où la danse, la farce, la grosse joie, le délire, les images grotesques et les railleries aiguisées par l’esprit parisien arrivent à des effets gigantesques. Cette folie avait alors, rue Saint-Honoré, son Pandémonium, et dans Musard son Napoléon, un petit homme fait exprès pour commander une musique aussi puissante que la foule en désordre, et pour conduire le galop, cette ronde de sabbat, une des gloires d’Auber, car le galop n’a eu sa forme et sa poésie que depuis le grand galop de Gustave. »

Honoré de Balzac, La Fausse Maîtresse, 1841

Adam Paris « Le carnaval », Le Charivari18 février 1834 (Paris, Maison de Balzac, inv.BAL-LE_CHARIVARI_18FEVRIER34)

La gravure montre le défilé qui ouvre officiellement la période du carnaval en circulant le long des boulevards parisiens, selon un parcours soigneusement défini par la préfecture. Au premier plan, des gamins munis de battes en bois impriment à la craie des motifs de rats sur la robe sombre d’une passante assez imprudente pour s’approcher du cortège sans s’être costumée. 

Débardeurs : nom donné à l’ouvrier qui conduisait les trains de bois sur la Seine jusqu’à Paris, et qu’on reconnaissait à son pantalon ample, sa chemise ouverte et sa ceinture de flanelle nouée à la taille. Ce costume très commode pour danser librement rencontre un vif succès chez les jeunes femmes dans les années 1830 et 1840.

Carnaval : Temps de réjouissance qui s’écoule depuis l’Épiphanie jusqu’au mercredi des Cendres. Le carnaval c’est aussi les mascarades et les réjouissances auxquelles on se livre durant le même temps.

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